avril 2025
Vernissage des expositions
Agnès Thurnauer. Ici poème
Doris Stauffer. Je suis un chasse-neige
- Vernissage
Informations pratiques
Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds
Ouverture 17:00
Discours 17:30
Entrée libre
Agnès Thurnauer. Ici poème
Agnès Thurnauer peint des mots. Tracer méticuleusement des lettres avec un pinceau, ce n’est pas vraiment écrire : le mot devient un objet, on peut sentir son épaisseur, on peut le couper en deux. On peut le répéter, comme le font les enfants, jusqu’à ce qu’il s’écorce de son sens commun pour devenir un vocable étrange. C’est le début de la poésie. Elle découpe donc les mots pour en faire émerger des sens nouveaux. C’est un processus contemplatif qui s’accorde avec la lenteur de fabrication d’un tableau. Resserrant encore la focale, Agnès Thurnauer découpe même les lettres, ou plutôt leurs négatifs, pour isoler des formes abstraites, comme un alphabet inconnu et donc silencieux. Car le silence est le revers intime de cette poésie. L’artiste détoure ainsi des formes oblongues, lointainement anthropomorphes, qu’elle situe au premier plan de la toile. Comme si des êtres mutiques regardaient ensemble un tableau, montraient l’exemple, pour aider les spectateur·ice·s à plonger dans une mise en abîme. Car Agnès Thurnauer montre avant tout les gestes du peintre. Même les ciels chargés de nuages charrient le souvenir des maîtres anciens, ce sont des coups de brosses, de la couleur et du style. En les associant au mot « maintenant », l’artiste rappelle que l’art est une expérience immédiate plutôt qu’une histoire. L’histoire, elle, aurait pu s’écrire autrement, avec des rimes féminines par exemple. Mais la réalité sensible ne s’éprouve qu’au présent. On est loin des amours de loin.
Artiste franco-suisse née en 1962, Agnès Thurnauer vit et travaille à Paris.
Doris Stauffer. Je suis un chasse-neige
Doris Stauffer a ouvert la voie à celles qui sont venues, et arrivent encore, après elle. Dans les années 1960 l’artiste assemble des objets de la vie quotidienne – boutons, napperons, ustensiles, jouets d’enfants – pour créer des tableaux dont la matérialité, considérée comme toute féminine, devient le lieu de dénonciation des inégalités d’une société patriarcale. Dans la pratique de Doris Stauffer l’art et la vie se confondent. Mère, femme au foyer, artiste, enseignante, elle décloisonne les domaines : les beaux-arts et l’artisanat, les pratiques professionnelles et amateures, l’individuel et le collectif, le personnel et le politique. Car l’art appartient aussi à la rue. L’artiste s’engage dans les luttes féministes, notamment par son implication dans le mouvement de libération des femmes (FBB). Ses interventions se font collaboratives et expérimentales. Ces notions imprègnent aussi son enseignement à l’école des arts appliqués de Zurich, puis la création de l’école Form und Farbe, où la notion de « teamwork » est centrale. L’art y est avant tout un processus. L’intérêt de Stauffer pour des activités centrées davantage sur l’espace de réflexion, la participation et l’action que sur le résultat l’amène à donner des « cours de sorcières » ou encore à produire des pains d’épices décorés, « eat-art » dont la disparition après mastication interroge le monde de l’art. Un chemin de plus à explorer sur les traces d’une artiste « indomptée, en colère, joyeuse et immortelle ».
Doris Stauffer est née en 1934 à Amden et morte en 2017 à Zurich.
